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Bulletin humanitaire République centrafricaine Numéro 30 | Décembre 2017

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FAITS SAILLANTS

  • De violents combats entre groupes armés autour de la ville de Paoua au Nord de la Centrafrique ont entraîné le déplacement de plus de 25 000 personnes fin décembre. Les déplacés continuent d’affluer vers Paoua. Les affrontements entre groupes armés ont également causé 73 000 déplacés à Bria. De même, la ville de Bambari a accueilli plus de 17 800 déplacés suite aux incidents sécuritaires survenus dans les villes environnantes notamment à Ippy, Ndassima et Djoubissi.

  • Une hausse de la criminalité est observée dans la région de Kaga-Bandoro. Braquages et tentatives de cambriolage ciblant les véhicules humanitaires ont été plus fréquents au cours du mois de décembre.

CHIFFRES CLEFS

  • de personnes déplacées 688,700

  • de réfugiés centrafricains 518,196

  • Population ayant besoin d’une aide humanitaire 2,4 M
  • Population touchée par l’insécurité alimentaire 2 M

FINANCEMENT

  • 497,3 millions $ Requis pour le Plan de réponse humanitaire en 2017
  • 192,6 millions $ Soit 39% des fonds ont été mobilisés dans le cadre du HRP à la fin novembre.

Rétrospective humanitaire de l’année 2017

L’année 2017 a été caractérisée en République centrafricaine par une succession de crises qui a entraîné une augmentation des besoins humanitaires sans précédent depuis 2014. Elle fait aussi planer le risque d’un retour vers une crise humanitaire de grande envergure.

Alors que le Plan de réponse humanitaire 2017 prévoyait initialement d’apporter une assistance à 2,2 millions de personnes, la communauté humanitaire a été obligée de le réviser à mi-parcours, en juin 2017, pour répondre aux besoins de 2,4 millions de personnes. De 402 240 déplacés en janvier, la Centrafrique en comptait 600 000 au 31 juillet 2017, soit autant qu’en août 2014. Cette tendance s’est maintenue et a atteint les 688 700 à la fin du mois de décembre, ce qui représente une augmentation de 71% en un an. Parallèlement, 545 497 Centrafricains cherchaient refuge dans les pays limitrophes alors que la tendance était au retour au début de l’année 2017. Aujourd’hui, 1,1 millions de personnes ou 1 Centrafricain sur 4, est soit déplacé interne, soit réfugié.

Cette hausse a été le fruit de la résurgence de la violence et de la multiplication des foyers de tension à travers le pays. Certaines zones connues jusque-là comme des îlots de relative stabilité ont basculé dans la violence et d’autres qui tendaient vers le retour au calme sont retombées dans l’instabilité.

Résurgence de la violence

Des villes et régions qui avaient été épargnées par les violences en 2013-14 ont été frappées par des affrontements entre des groupes armés, lesquels ont aussi généralement contribué à l’exacerbation des tensions intercommunautaires. C’est le cas notamment de la ville de Bangassou dans la Préfecture du Mbomou (Sud-Est de la RCA). Cette ville a été le théâtre de violences entre le 13 et le 15 mai après un assaut mené par des hommes armés. Malgré tous les efforts déployés, la ville de Bangassou reste en proie à des pics de violences récurrents en raison de la présence active des groupes armés. 1433 personnes sont encore confinées au site de déplacés du Petit séminaire. Dans le sillage de Bangassou, du 15 au 18 mai 2017, la ville de Bria a été le théâtre de violents affrontements entre groupes armés. En quatre jours, la majorité de sa population (41 409 sur les 47 500 habitants) avait été contrainte au déplacement.

Depuis lors, la ville de Bria et les axes périphériques ont enregistré plusieurs autres épisodes de violence. De moins de 5 000 au début de l’année, l’effectif des personnes déplacées dans la ville de Bria était estimé à plus de 70 000 à la fin de l’année.

L’Est, l’Ouest et le Centre du pays n’ont pas été épargnés. Sur plusieurs axes, les accrochages entre groupes armés ont affecté une multitude de villes et de villages qui se sont vidés de leurs populations. Le regain d’activisme des groupes armés a non seulement mis en péril la protection des civils et des groupes vulnérables en particulier, mais a aussi affecté les infrastructures sanitaires et éducatives déjà affaiblies par les crises récurrentes. A plusieurs reprises, des écoles ont été occupées et des structures de santé pillées et/ou vandalisées.

Impact de la violence sur les activités humanitaires

L’année 2017 aura également été l’une des plus meurtrières pour les humanitaires. Les incidents sécuritaires impliquant les humanitaires ont considérablement augmenté (332 en 2017 contre 131 en 2016), plaçant la Centrafrique parmi les pays les plus dangereux au monde. Quatorze humanitaires ont perdu la vie (6 en 2016).

Les multiples pics de violence ont aussi contraint les humanitaires à suspendre temporairement leurs activités à plusieurs reprises, et parfois à relocaliser leurs équipes. Le service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) a ainsi relocalisé 297 acteurs humanitaires issus de 29 organisations en 23 occasions.

Ces suspensions motivées par des niveaux d’insécurité inédits depuis 2013, ont exacerbé la vulnérabilité de milliers de personnes dont la survie dépend fortement de l’assistance humanitaire. A Bangassou la majorité des acteurs humanitaires ont dû suspendre leurs activités et retirer leur présence permanente de la ville. Il en va de même pour la ville de Batangafo (Préfecture de l’Ouham) où les acteurs humanitaires essaient de retourner depuis début décembre après que la majorité d’entre eux ait dû se retirer en septembre. A 60 kilomètres de Batangafo, dans la ville de Kabo, en décembre 2017, l’arrêt des activités humanitaires a affecté directement ou indirectement environ 100 000 personnes dont des déplacés.

Restriction de l’accès humanitaire

La réduction de l’espace humanitaire est la conséquence de plusieurs facteurs, notamment, la dégradation de la situation sécuritaire et la détérioration des infrastructures routières sur l’ensemble du pays.

L’accès à certaines zones nécessite des moyens logistiques et opérationnels de grande envergure qui font en partie défaut à une communauté humanitaire confrontée au défi croissant de sous-financement.

L’utilisation accrue des moyens aériens pour l’acheminement de l’assistance humanitaire s’avère nécessaire pour accéder à des populations éloignées. Malgré ces contraintes de taille, les humanitaires ont été en mesure d’acheminer plus de 6 700 tonnes de cargo d’assistance humanitaire, par route et par air, de janvier à septembre 2017. En dépit de son prix prohibitif, à plusieurs reprises, les acteurs ont dû privilégier la voie aérienne pour venir en aide aux populations inaccessibles par des moyens terrestres et de plus en plus isolées.

Droit international et principes humanitaires bafoués

La présence massive des groupes armés dans les foyers de tension ainsi que la recrudescence de la violence réduisent drastiquement l’accès aux plus démunis. Les principes humanitaires, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance ne sont pas respectés. A maintes reprises, les acteurs humanitaires se sont vus bloquer l’accès à des groupes vulnérables et ont été menacés pour avoir assisté à tel ou tel endroit certaines populations vulnérables.

Le caractère neutre et humanitaire des structures de santé et des sites de déplacés a également été mis à mal en 2017. En effet, des groupes armés n’ont pas hésité à s’introduire dans ces lieux où leur présence constitue un réel danger pour la protection et la sécurité des civils. A Bangassou et à Zémio ainsi qu’à Batangafo, des groupes armés ont tenté d’achever des blessés ou de débusquer d’éventuels combattants ennemis pris en charge dans des structures sanitaires. A Bria, une faction d’un groupe armé a installé une base sur le plus grand site de déplacés de la ville.

Financement de l’action humanitaire La République centrafricaine est un des seuls pays au monde où la moitié de la population a besoin d’une aide humanitaire. Un financement adéquat de l’action humanitaire est par conséquent une priorité absolue. Cependant à la fin de l’année 2017, seul 39% du Plan de réponse humanitaire, qui s’élève à 497 millions de dollars, était financé.

Malgré ce déficit, dans les neuf premiers mois de l’année, la communauté humanitaire a été en mesure de fournir une aide d’urgence à plus d’un million de personnes vulnérables. Elle a dépassé les défis logistiques importants dans un pays où seul 3% des routes sont goudronnées. L’assistance s’est poursuivie au 4ème trimestre et l’ensemble des données sera bientôt disponible.

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